Le consensus antistalinien : Grover Furr

Grover Furr : « Mensonges antistaliniens d’un écrivain « socialiste » – réfutant l’article d’Alex Skopic « Staline ne sera jamais rachetable », mai 2023 ; Grover Furr : « Une critique de Jean-Jacques Marie, « la collaboration Staline Hitler » », janvier 2022, ce qui complète l’article, sur mon blog, « La contre-révolution et les crimes de Kroutchev », qui date de l’année 2020.

Nous continuons de vivre un consensus fondé sur les mensonges antistaliniens, ce que Grover Furr appelle le paradigme antistalinien. Grover Furr est un linguiste et un historien qui maîtrise la langue russe et les langues de la région, lui permettant d’accéder à un grand nombre de documents de source primaire, en coordination avec d’autres historiens.

Pour lui, le domaine des études soviétiques a toujours été au service de la propagande anticommuniste combinée à l’objectif de comprendre le mouvement communiste dans le but de le calomnier et de l’affaiblir. La contradiction entre la compréhension de la réalité soviétique et la propagande anticommuniste et antistalinienne s’est intensifiée avec la Guerre froide. Cela continue aujourd’hui.

Avec Trotsky, Kroutchev et Gorbatchev, la propagande communiste s’est concentrée sur la figure de Staline. Trotsky a menti de manière flagrante et fréquente à propos de Staline, et les mensonges de Trotsky sont devenus une source majeure pour le « rapport secret » de Kroutchev.

En 1961, Kroutchev a parrainé une avalanche de fausses recherches menées par des historiens bidons, matériel qui est devenu une « preuve » pour des générations d’historiens. Gorbatchev a inauguré une campagne d’accusations et de diffamation contre Staline qui a surpassé celle de Kroutchev. Cela a été également réalisé par une phalange d’historiens malhonnêtes.

Au lieu de dénoncer ces fausses recherches, les historiens postsoviétiques ont accepté les allégations des époques Trotsky, Kroutchev et Gorbatchev contre Staline, en ajoutant encore d’autres mensonges, malgré l’énorme quantité de documents de source primaire provenant des anciennes archives soviétiques. Ces documents de source primaire permettent d’examiner les accusations contre Staline, soit de les vérifier, soit – dans tous les cas, ou presque – de les réfuter.

Grover Furr écrit : « Je ne « défends » pas Staline et encore moins « je m’excuse » pour Staline. Je recherche la vérité, telle que déterminée par les meilleures preuves disponibles. La plupart des affirmations contre Staline ont tort sur la base des preuves. Quelques affirmations ont tort parce qu’elles sont anachroniques – accusant Staline et les dirigeants soviétiques qui ensemble constituaient un collectif – Staline n’était pas un dictateur – de ne pas avoir agi selon les connaissances dont nous disposons aujourd’hui mais que personne ne possédait à l’époque. Nous ne devons pas défendre Staline, mais la vérité… Les accusations de crimes et de méfaits portés contre Staline sont cohérentes avec ce que nous entendons et lisons sur Staline presque partout – dans les médias, dans les manuels scolaires, par les universitaires spécialistes de l’histoire… Jusqu’à présent, je n’ai pas encore prouvé que Staline ait commis ne serait-ce qu’un seul crime, encore moins la myriade de crimes que Trotsky, les hommes de Kroutchev, les hommes de Gorbatchev et les chercheurs universitaires affirment avec assurance. J’ai l’intention de continuer à chercher. Peut-être un jour je découvrirai au moins un véritable crime de Staline dont je peux dire en toute honnêteté qu’il est étayé par les meilleures preuves dont nous disposons. Si et quand je le ferai, je le publierai ainsi que les preuves à l’appui. »

Répondant aux accusations de l’historien trotskiste Jean-Jacques Marie, Grover Furr affirme qu’il n’est pas staliniste ni stalinien, que son objectif est de découvrir la vérité, que si Staline a commis des crimes, il voudrait savoir, alors que Jean-Jacques Marie, comme il ne prétend pas à l’objectivité et à l’aspiration à la vérité, ne trouve pas la vérité, et en particulier il n’aborde pas certaines questions, car il suppose que leurs réponses sont acquises, des réponses qui sont cependant sans preuve, sans discussion.

Jean-Jacques Marie, d’après lui, force l’histoire soviétique à entrer dans le paradigme antistalinien. « Comme les cultes religieux, le culte de Trotsky est basé sur la croyance – la croyance en Trotsky. Trotsky déteste Staline, les trotskistes aussi. Trotsky ment à propos de Staline, en conséquence les trotskistes choisissent non seulement de croire les mensonges de Trotsky, mais prouvent leur loyauté envers la secte en propageant les mensonges de Trotsky et de tous les anticommunistes. Il n’y a pas de culte autour de Staline aujourd’hui, c’est très bien qu’il n’y en ait pas, mais les trotskistes, les membres de la secte trotskiste, publient dans les journaux grands publics, occupent des postes universitaires et enseignent l’histoire russe et soviétique. Dans les milieux universitaires et dans les médias, il est tenu que Staline est coupable de crimes terribles. Depuis de nombreuses années, je recherche des preuves pour étayer ces allégations contre Staline. Je n’ai pas encore trouvé un seul crime allégué contre Staline qui puisse être étayé par des preuves ! L’histoire soviétique doit être réécrite. »

Grover Furr s’est déjà affronté aux mensonges de Kroutchev. Il démontre que toutes les affirmations de Kroutchev sur Staline et sur l’époque stalinienne sont des mensonges (voir mon article sur ce blog).

Il faut de la persévérance pour prendre chaque affirmation et rechercher les preuves de cette affirmation, les preuves que cette affirmation est fausse, ou bien l’absence de preuve de cette affirmation. Souvent cette affirmation prend pour source une autre affirmation, qui elle-même prend pour source une autre affirmation, etc., et à la fin on trouve une affirmation, l’affirmation originelle, qui ne repose sur aucune preuve. Ce n’est pas marrant de pénétrer dans la doxa de l’époque, dans la propagande anticommuniste dominante, celle qui nous est servie quotidiennement dans les médias, de prendre cette propagande au sérieux et d’en chercher les preuves, alors qu’elle est insupportable d’irrationalité, de malhonnêteté intellectuelle et d’absence de morale.

Grover Furr analyse l’article d’Alex Skopic « Staline ne sera jamais rachetable » déposé le 22 mars 2023 dans le magazine Current Affairs qui se désigne comme « une institution médiatique de gauche, qui fait un doigt d’honneur joyeux aux riches entreprises, aux propagandistes d’État serviles, … » Chomsky y recommande les articles de Nathan Robinson, Michael Moore le qualifie d’un des meilleurs magazines des États-Unis. La revue est disponible en traduction française. Alex Skopic écrit en ce moment l’article : « Yé et le problème de l’art fasciste » (l’adhésion du rappeur à l’idéologie nazie est étrange et horrible, mais elle peut nous en apprendre beaucoup sur la façon dont la politique d’extrême droite s’est propagée). En analysant une cinquantaine de thèmes de l’article de l’écrivain de gauche, Grover Furr montre que cet écrivain reste dans le consensus antistalinien dominant.

Grover Furr fait le même travail sur un article de l’historien trotskiste Jean-Jacques Marie. Jean-Jacques Marie, au lieu de critiquer point par point les analyses de Furr, le désigne comme stalinien, de même qu’aujourd’hui les analyses qui ne sont pas conformes à la propagande atlantiste et macronienne sont désignées comme poutiniennes, conspirationnistes, etc., ce qui évite de les discuter et permet ainsi de maintenir coûte que coûte le consensus, au prix de la malhonnêteté intellectuelle, des mensonges, de l’irrationalité et de la dérive vers la répression et vers la guerre.

En étendant l’étude du consensus antistalinien à l’étude de tous les consensus, on pourrait faire le même travail – la recherche des preuves, item après item – sur le récit dominant de la guerre de l’OTAN contre la Russie ou de la guerre du gouvernement israélien contre la Palestine, et la même recherche de preuves item par item sur le racisme antirusse, le racisme anti-chinois et le racisme anti-palestinien, récits et racismes actuellement dominants aux États-Unis et en Europe, dans les gouvernements et les médias des oligarques.

Admirons la posture de Furr, sa rigueur méthodologique en linguistique et histoire, son courage de chercher la vérité coûte que coûte face aux fanatiques, aux racistes et aux dogmatiques, sa patience d’éplucher le consensus antistalinien qui, il le constate, n’est fait que d’erreurs, de mensonges, de répétitions d’erreurs et de mensonges, de répétitions de soi-disant «évidences», ou de censure, quand ce consensus ne mentionne pas certains faits ou qu’il juge certains problèmes résolus.

Le consensus antistalinien fait partie de l’action multiforme de la bourgeoisie aussi bien pour la préservation de ses intérêts, en particulier les intérêts très profitables des complexes militaro-industriels, que pour l’exploitation de la classe ouvrière (l’exploitation de la classe ouvrière, c’est concrètement la baisse des salaires – par l’inflation, par la destruction des services publics de l’école, de la santé, des transports, de l’habitat, de la retraite, du chômage, par l’augmentation des impôts et des taxes –, le tout encadré par le contrôle total de l’information et de la représentation nationale, et la répression impitoyable des manifestations, avec enfin, comme dernière mesure mais non la moindre, la transformation des ouvriers en chair à canon).

Soulignons l’importance du consensus antistalinien.

Actuellement, un enseignant, un universitaire, un intellectuel qui voudrait rompre avec ce consensus serait menacé dans son travail, dans son emploi, dans sa présence dans l’espace public. Si un tel intellectuel, en fin de carrière, pouvait avoir plus de liberté pour contester ce consensus, il hésiterait, car ce serait reconnaître que pendant des décennies il n’a pas été honnête avec la vérité.

Par ailleurs, accepter le consensus antistalinien, c’est nier ou ne pas vouloir reconnaître le coup d’État de 1953 en URSS par la bande à Kroutchev, c’est ne pas reconnaître la discontinuité entre l’époque stalinienne et l’époque qui suit la prise de pouvoir par le révisionnisme anticommuniste de Kroutchev, et c’est attribuer au communisme stalinien la répression armée, judiciaire et psychiatrique des manifestations populaires et des intellectuels contestataires, l’édification du mur de Berlin, l’intervention armée en Hongrie et en Tchécoslovaquie, le marxisme-léninisme fossilisé en pensée unique, sans véritable discussion possible, la corruption institutionnalisée par l’introduction à dose non négligeable de la propriété privée des moyens de production, la fabrication de la nomenklatura qui constituera les futurs oligarques, la transformation de l’agriculture en agriculture industrielle anti-écologique, la réécriture de l’histoire par la falsification des archives, etc.

Aussi bien en URSS que dans les pays satellites, la population de l’époque post-stalinienne était de plus en plus exploitée et mécontente. Cette image dégradée, au point de vue matériel comme au point de vue moral et au point de vue démocratique, de l’URSS et des pays satellites fait dire aux communistes kroutchéviens que, en définitive, le communisme est un échec, qu’il n’a jamais vraiment existé.

L’image du communisme réel est d’autant plus dégradée qu’on attribue à la période stalinienne les tares de la période de Kroutchev à Gorbatchev et que, en plus, on reprend les mensonges de Kroutchev et de ses suivants sur Staline et la période stalinienne, des mensonges qui sont rapidement décuplés par l’historiographie anticommuniste, jusqu’à attribuer à Staline la responsabilité de plus de morts qu’Hitler.

Dans les pays capitalistes, les partis communistes ont perdu de leur crédibilité, en reprenant les mensonges kroutchéviens et anticommunistes, et en mettant en question le fait que la démocratie bourgeoise était une dictature de la bourgeoisie et qu’une révolution socialiste mettrait en place une dictature du prolétariat, c’est-à-dire la démocratie pour la grande majorité de la population, sans parler de l’abandon des revues théoriques, de l’éducation populaire et de l’action locale, autrement dit de la minimisation du rôle de la théorie, du rôle du marxisme et du rôle du parti communiste.

Devant la montée de l’extrême droite et de la guerre, le consensus antistalinien conduit à ne pas parler du fait que les communistes staliniens ont été une composante essentielle de la lutte et de la victoire contre le fascisme et la guerre.

L’acceptation du consensus antistalinien et de son manichéisme rend impossible toute étude objective de l’histoire des contradictions de l’époque stalinienne, mais aussi de l’époque post-stalinienne jusqu’à aujourd’hui, si bien que l’analyse de la situation concrète actuelle, déterminante pour l’action politique, est grevée par cette tache aveugle du consensus antistalinien.

Il ne suffit pas d’en appeler aux collectifs, à la convergence des luttes, à l’unité électorale, à l’unité avec des bellicistes socialistes, avec des bellicistes écologistes, avec des bellicistes communistes.

Il ne faut pas faire des manifestations de la paix en présentant l’un des partenaires comme le camp du mal (la Russie nationaliste, ignoble, dictatoriale, etc.) et l’autre partenaire comme le camp du bien, à savoir, premièrement, l’Ukraine qu’on a débarrassée de sa politique de type génocidaire, de ses nazis et de ses ultranationalistes, et deuxièmement, les États-Unis et l’Europe qu’ils colonisent dont on oublie qu’ils entourent les frontières de la Russie (et de la Chine) de bases militaires nucléaires et qu’ils mènent des guerres un peu partout sur la planète, au mépris du droit international.

Il faut être rationnel et objectif jusqu’au bout, de manière cohérente, aller au-delà d’une préoccupation exclusive sur la com, sur les élections et sur la préservation des appareils, construire une force honnête intellectuellement jusqu’au bout, peut-être faible au départ, peut-être marginalisée un certain temps, mais que les peuples reconnaîtront et soutiendront massivement grâce à des mots d’ordre correspondant aux aspirations et aux intérêts du prolétariat et de la grande masse des populations (les intérêts de la paix, de la démocratie et de la fin de l’exploitation par la propriété privée des moyens de production).

Il ne faut pas hésiter à construire des alliances avec des forces rationnelles opposées au fascisme et à la guerre, même si ces forces sont cataloguées « à droite », « à gauche », « à l’extrême gauche », etc., par le consensus ultra-réactionnaire qui domine actuellement en France, un consensus ultra-réactionnaire qui intègre le consensus antistalinien.

Grover Furr. « Mensonges antistaliniens d’un écrivain « socialiste » – réfutant l’article d’Alex Skopic « Staline ne sera jamais rachetable », mai 2023.

Je ne « défends » pas Staline et encore moins « je m’excuse » pour Staline. Je recherche la vérité, tel que déterminée par les meilleures preuves disponibles. La plupart des affirmations contre Staline ont tort sur la base des preuves. Certaines affirmations ont tort parce qu’elles sont anachroniques – accusant Staline et les dirigeants soviétiques qui ensemble constituaient un collectif – Staline n’était pas un dictateur – de ne pas avoir agi selon les connaissances dont nous disposons aujourd’hui mais que personne ne possédait l’époque. Nous ne devons pas défendre Staline, mais la vérité

1 Pour l’auteur (Alex Skopic), à la suite de la mort de Staline, les vannes de la censure se sont ouvertes avec des histoires d’atrocités, certains refusant d’y croire : Furr dit que ceux qui refusaient de croire Kroutchev avaient raison. Kroutchev et ses partisans n’ont produit aucune preuve pour étayer leurs accusations, aucune preuve de source primaire.

2 Pour l’auteur, Furr défend Staline, s’excuse pour les crimes de Staline, est un stalinien, ce qui est aussi un terme d’ostracisme. Furr répond : je ne suis pas stalinien, je recherche des preuves que Staline a commis des crimes. Si Staline a commis des crimes, je veux les connaître. Jusqu’à présent je n’ai encore trouvé aucune preuve que Staline ait commis ne serait-ce qu’un seul crime ! Toute accusation de crime commis par Staline est fausse. Cette affirmation est inacceptable, tabou pour les anticommunistes et les trotskistes, y compris les universitaires. Les universitaires mentent et falsifient des dizaines voire des centaines de fois plutôt que d’accepter les résultats qui découlent de l’étude des sources primaires de preuves sur Staline. Toutes les recherches universitaires doivent se conformer au paradigme antistalinien, sinon elles ne seront pas publiées. Cela condamnerait la carrière de tout chercheur souhaitant enseigner l’histoire soviétique. Ainsi les preuves sont ignorées et les mensonges, dont beaucoup sont évidents pour ceux qui les répètent, sont recyclés ou, dans certains cas, de nouveaux mensonges sont inventés.

3 Pour l’auteur, Staline est raciste, son antiracisme n’est qu’un stratagème cynique. Furr remarque que les Noirs américains ont trouvé inspirant le dévouement à la lutte contre le racisme en URSS..

4 Pour l’auteur, il existe de nombreuses preuves provenant de dizaines de sources différentes détaillant les abus et les trahisons de Staline. Selon Furr, l’auteur confond sources et preuves. Une source est simplement l’endroit où vous avez trouvé une déclaration, que cette déclaration soit vraie ou fausse. Les preuves de sources primaires, généralement sous forme documentaire, constituent la seule base valable pour tirer des conclusions véridiques. L’auteur ne dispose d’aucune preuve de source primaire d’un quelconque abus ou d’une trahison de la part de Staline – seulement des affirmations factuelles d’écrivains anticommunistes et trotskistes qui eux-mêmes n’ont aucune preuve.

5 Pour l’auteur, Staline est un anticommuniste, et l’anticommuniste le plus meurtrier de son époque, à l’origine, avec Hitler, de la plupart des morts de socialistes européens entre 1928 et 1945. Furr remarque que l’auteur ne nomme personne.

6 L’auteur, reprenant  Trotsky, accuse Staline de manœuvrer contre les autres dirigeants, occupant des postes importants avec ses propres partisans, organisant diverses diffamations et machinations contre ses rivaux. Furr remarque qu’il n’y a aucun exemple, aucune preuve.

7 Pour l’auteur, Staline s’oppose à la révolution mondiale, en faveur de la construction de l’État soviétique. En fait, Staline ne fait pas de distinction rigide entre les intérêts de la révolution mondiale et les intérêts de l’État soviétique, ces deux préoccupations étant continuellement présentes dans sa vision.

8 L’auteur ne dit pas les raisons de l’expulsion de Trotsky : Trotsky forme à plusieurs reprise une fraction au sein du parti, malgré l’interdiction de Lénine en 1921, un peu plus tard, Trotsky et ses partisans organisent une contre-manifestation, en octobre 1927 ;  alors que Trotsky refuse de se rétracter , certains trotskystes se rétractent, d’autres continuent de conspirer en secret. L’auteur ne dit pas les raisons de l’exécution de Trotsky : a l’époque, Trotsky conspire avec l’Allemagne nazie et le Japon militariste fasciste, pour les aider contre l’armée soviétique au cas ou ils attaqueraient l’URSS.

9 Pour l’auteur, l’assassinat de Kirov n’est pas dû à Kamenev et Zinoviev, mais à Staline. Mais il y a les preuves. Zinoviev et Kamenev sont condamnés à la prison en 1935, puis c’est le premier procès de Moscou où, avouant, ils sont condamnés à mort.

10 Pour l’auteur, les accusations de trahison sont devenues plus sauvages et les preuves plus minces, reposant souvent entièrement sur des aveux extorqués sous la torture. Furr dit qu’il n’existe aucune preuve, que l’auteur ne cite aucun exemple.

11 Pour l’auteur, les procès deviennent des farces qui ne durent que 15 ou 20 minutes. Le procès de Boukharine a duré 12 jours, du 2 au 13 mars 1938.

12 Pour l’auteur, Boukharine est condamné à mort pour sa prétendue implication dans une conspiration trotskiste et/ou nazie : Furr remarque que Boukharine a partiellement avoué.

13 Pour l’auteur, avant d’être exécuté, Boukharine en appelle à son amitié d’antan avec Staline : Furr dit que c’est un faux.

14 Pour l’auteur, Rudzutak était innocent. En fait, il a avoué, il a été dénoncé, au troisième procès de Moscou.

15 Pour l’auteur, s’appuyant sur une photo truquée, Staline est le responsable de nombreux morts parmi les dirigeants soviétiques, des morts qui n’ont rien à voir avec Staline.

16 Pour l’auteur, la plupart des accusés sont innocents : ils ont pourtant avoué, ils ont été dénoncés ! Il y a des preuves de leur culpabilité, il n’y a pas de preuve de leur innocence. Ce n’est pas à l’historien d’affirmer la culpabilité ou l’innocence de quelqu’un. L’historien doit identifier, localiser, obtenir et examiner les preuves et si possible en tirer des conclusions logiques, mais il doit toujours être prêt à modifier ou même à renverser sa conclusion initiale, si des preuves supplémentaires apparaissent ou lorsqu’une interprétation plus convaincante des preuves disponibles est produite.

17 Pour l’auteur, en URSS stalinienne, tout le monde est traître, sauf Staline : Furr n’examine que les personnes définies par Kroutchev comme innocentes, et Kroutchev n’apporte aucune preuve à leur innocence, alors qu’il y a des preuves de leur culpabilité.

18 Pour l’auteur, la famille, les amis et les rencontres d’un coupable, et aussi les lecteurs du livre du coupable, sont arrêtés, exécutés ou déportés : l’auteur ne donne aucun exemple.

19 Pour l’auteur, la police secrète de Staline travaille selon le système de quotas. Cela a été réfuté. Les universitaires anticommunistes continuent de mentir, affirmant que Staline avait des quotas d’arrestation : ils veulent qu’il ait des quotas pour pouvoir le condamner ! S’il faut inventer de faux crimes pour trouver des raisons de condamner Staline, cela n’implique-t-il pas qu’ils n’ont pas pu trouver de crimes réels dont Staline était coupable, car s’ils peuvent trouver de vrais crimes, pourquoi ne pas simplement en discuter sans en inventer de faux ? L’auteur trouve un exemple, d’une femme arrêtée comme trotskiste, puis devenu nationaliste bourgeois, au motif que le quota de trotskiste était dépassé et qu’il manquait des nationalistes, mais cette information est prise dans le livre de Robert Conquest, « La Grande Terreur », se référant à Ginzburg, mais nous n’avons aucun moyen de vérifier ce que Ginzburg écrit : elle était contre Staline, croyait aux mensonges de Kroutchev et n’avait guère de raison d’être objective : elle a été arrêtée en février 1937 et elle prétend qu’elle était innocente : le fait qu’elle ait été réhabilitée ne prouve pas qu’elle était innocente. Dans le cas de Boukharine, le procureur et les juges ont falsifié les preuves pour le déclarer innocent ; en 1990 il y a eu des témoignages contre Ginzburg de la part de collègues.

20 Pour l’auteur, Staline était responsable des assassinats de centaines de milliers de citoyens soviétiques innocents par Ezhov (de fin juillet ou début août 1937, le commissaire du peuple aux affaires intérieures Ezhov commence une orgie de masse de 14 mois, avec arrestations et exécutions). En effet, en tant que principal dirigeant politique du pays, Staline avait la responsabilité de prendre des mesures décisives pour mettre fin aux violations de la justice, faire des enquêtes sur ces violations et veiller à ce que les responsables soient punis. L’auteur ne dit pas que Staline et ses dirigeants ont été trompés par une conspiration. Staline exige le 2 janvier 1939 un procès public des coupables, un procès qui n’aura pas lieu. Béria, qui entre en fonction en novembre 1938a la place de Ezhov, enquête sur ces répressions illégales massives et libère 110 000 personnes des camps après examen de leur cas.

21 Pour l’auteur, Béria était ignoble, sadique, agresseur sexuel de centaines de femmes et de jeunes filles, il assassinait ses victimes et les enterrait dans une fosse près de sa maison : il n’y a aucune preuve.

22 Pour l’auteur, il y a eu un procès en 1953 contre le groupe Staline, avant son exécution : il n’y a aucun document.

23 L’auteur analyse le nombre d’exécutions, le nombre de décès dans les camps et lors des déportations de manière simpliste, sans tenir compte des contextes de guerre civile, de complots, de famines, de guerre.

24 Pour l’auteur, reprenant Trotsky, sous la direction de Staline, bon nombre des victoires de 1917 ont été sapées et annulées, dans une glissade vers le conservatisme social et politique : l’héritage de la révolution d’octobre était en train d’être liquidé.

25 Pour l’auteur, l’internationalisme révolutionnaire cède la place au culte de la patrie, et la patrie, c’est avant tout les autorités. C’est faux : l’internationalisme est toujours promu, en témoigne le soutien à la classe ouvrière en Espagne.

26 Pour l’auteur, les grades, décorations et titres sont réintroduits et la caste des officiers dirigée par les maréchaux est rétablie. L’auteur ne dit pas que cela s’est révélé nécessaire pour avoir une armée forte. Staline et le Parti ont fait des compromis de principe pour avancer plus tard vers le communisme, mais il fallait d’abord vaincre les fascistes.

27 Pour l’auteur, les vieux ouvriers communistes sont relégués au second plan : pour Furr il n’existe pas de preuve. Les travailleurs fidèles à Trotsky, impliqués dans de graves conspirations anti-parti et antisoviétiques, ne sont effectivement pas promus.

28 Pour l’auteur, la vieille famille petite-bourgeoise est en train d’être rétablie et idéalisée. Furr demande : quand la famille a été dissoute ?

29 Pour l’auteur, l’interdiction de l’avortement signifie l’esclavage des femmes.

30 L’auteur pratique un culte de la personnalité à l’égard de Trotsky. En fait, Staline s’opposait au culte de la personnalité, et ce culte de la personnalité de Staline est heureusement mort. Trotsky ment sur Staline, il a ainsi incité ses partisans clandestins à assassiner les dirigeants soviétiques, à saboter l’économie, à conspirer avec le maréchal Toukachevski et d’autres commandants militaires pour saboter l’armée rouge, et, avec l’Allemagne nazie et le Japon fasciste, Trotsky a poignardé l’armée dans le dos : en cas d’invasion nazie, Trotsky propose de prendre le pouvoir et de donner l’Ukraine à l’Allemagne, et la côte pacifique au Japon.

31 Pour l’auteur, la classe ouvrière est exploitée : Furr remarque que les écarts de salaire entre managers et ouvriers ne constituent pas une exploitation.

32 L’auteur désapprouve les lois de 1938 et 1940 sur la discipline de travail : Furr remarque que, soit l’URSS comble son retard, soit elle coule : la production pour le bien-être social prend le pas sur le désir individuel.

33 L’auteur dénonce le fait que les passeports nationaux sont réintroduits : Furr remarque que, en URSS, les emplois sont garantis, mais se déplacer pour obtenir le meilleur travail peut saboter le plan économique et la production. De plus, il faut contrôler les mouvements de population pour éviter un afflux vers les grandes villes et développer les régions asiatiques ou les fermes collectives.

34 Pour l’auteur, le gouvernement a recours à la répression des grèves en 1932, des grèves en raison de pénuries : Furr remarque qu’il s’agissait d’un plan de pénurie partagée et non d’une tentative de surexploitation visant à rendre le patron encore plus riche.

35 Pour l’auteur, le stalinisme n’offre pas la liberté : Furr remarque que la classe ouvrière a été libérée de l’exploitation de la valeur par les capitalistes privés, ce qui ne signifie pas « la liberté de faire ce qu’on veut quand on veut ». La véritable libération implique un engagement en faveur du bien collectif.

36 Pour l’auteur, Staline croit au « socialisme dans un seul pays » et est indifférent ou hostile aux efforts des socialistes dans d’autres pays. Il s’agit d’une série de mensonges. L’Union soviétique a consacré d’importantes ressources au soutien du parti communiste dans le monde entier. Après la destruction par Hitler du parti communiste allemand, le Komintern a minimisé l’organisation de la révolution communiste afin d’essayer de nouer des alliances avec des gouvernements capitalistes antifascistes. Il ne faut pas oublier non plus que l’Union soviétique et le Komintern étaient également les principales forces derrière les luttes anticoloniales.

37 Pour l’auteur, Staline a apporté peu d’aide militaire aux forces républicaines espagnoles. Non seulement l’URSS a vendu en grand nombre des avions et des chars, mais elle a accordé des crédits à l’Espagne républicaine, sachant qu’elle n’avait aucune chance de les récupérer.

38 Pour l’auteur, André Nin, fondateur du POUM, a été assassiné par les agents de Staline. Staline dictait la ligne du parti communiste espagnol, refusant la révolution et prônant un front unique avec la bourgeoisie non fasciste. La guerre aurait pu être gagnée si la révolution menée par les trotskistes du POUM et les anarchistes (nationaliser les usines, démolir les églises, publier des manifestes révolutionnaires) n’avait pas été sabotée. En tout cas, il est un fait que les trotskistes et les agents allemands et franquistes sont impliqués dans la révolte du premier mai à Barcelone pour provoquer une scission au sein des forces républicaines. Les dirigeants du gouvernement républicain capitaliste ne voulaient pas la révolution, voulaient l’aide de la France et de la Grande-Bretagne, n’acceptant l’aide de l’URSS qu’a cause du refus de ces deux derniers pays, alors que Staline, le Komintern et les communistes du parti communiste espagnol voulaient simplement, dans un premier temps, vaincre Franco pour établir une république, une démocratie libérale, avec un mouvement ouvrier fort (les soviétiques et le parti communiste espagnol croyaient qu’aucune révolution ouvrière et paysanne n’était possible tant que l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste combattaient aux côtés de Franco).

39 Pour l’auteur, Staline n’a pas aidé la révolution yougoslave avant 1945 : Furr remarque qu’une révolution socialiste n’était pas possible tant que le pays était occupé par l’armée hitlérienne, et la victoire de l’armée rouge a permis indirectement cette révolution.

40 Pour l’auteur, Staline n’a pas facilité la révolution en Grèce. Furr remarque que Staline savait que les occidentaux envisageaient une attaque alliée conjointe contre les forces soviétiques (Opération Impensable) et que l’armée rouge n’était pas préparée à une telle guerre.

41 L’auteur discute de la loi de 1933 criminalisant l’homosexualité masculine. Mais la politique soviétique sur l’homosexualité masculine est en accord avec l’opinion médicale des pays capitalistes avancés. L’homosexualité n’a été légalisée dans ces pays capitalistes que 40 ans plus tard. La loi de 1933 ne mentionne pas le sexe lesbien, les personnes bisexuelles ou les transsexuels.

42 L’auteur discute de la loi de l’interdiction de l’avortement sur demande. Mais cette interdiction est aussi en vigueur dans les sociétés capitalistes de l’époque. De plus, auteur ne mentionne pas que sont accordés des congés de maternité payés, des allocations pour garde d’enfants, une aide aux parents de familles nombreuses, des écoles maternelles et des jardins d’enfants, des sanctions pénales pour non-paiement de la pension alimentaire. Il n’y a pas d’emprisonnement en cas de violation de la loi, contrairement à ce que dit l’auteur. L’auteur sort les choses de leur contexte historique : la politique soviétique est, dans le contexte de son époque et dans son ensemble, progressiste.

43 L’auteur parle des famines fabriquées : Furr remarque que les quatre famines des années 1920 sont dues aux ravages de la guerre, à la maladie et à des causes naturelles. La grande famine de 1932 1933 est entièrement due à des causes naturelles. La dernière famine remonte à 1946, en raison des conditions météorologiques.

44 Pour l’auteur, qui valorise la vision individuelle de l’artiste et non un art intelligible et reflétant l’intérêt du collectif, si un artiste refuse de travailler dans le réalisme socialiste, son œuvre est interdite. Ce n’est pas vrai. Filonov a choisi de vivre dans la pauvreté, mendiant de l’argent à sa famille, refusant les commandes de ses tableaux, refusant de vendre ses œuvres, et il est mort pendant le siège de Leningrad, où plus d’un million de civils soviétiques sont morts. Ce n’est pas Staline qui l’a condamné à cette vie.

45 Pour l’auteur, les artistes qui agacent Staline sont piégés et exécutés de la même manière que ses rivaux politiques : Furr remarque que pas un seul artiste n’a été encadré et exécuté pendant la période stalinienne. Il n’y a aucune preuve que Staline ait jamais piégé et exécuté qui que ce soit. Si par rivaux politiques on entend les accusés des procès de Moscou, ces accusés n’étaient pas des rivaux politiques de Staline, ils n’étaient pas encadrés, au contraire, il existe de nombreuses preuves qu’ils étaient coupables au moins des crimes qu’ils ont avoués.

46 Pour l’auteur, le jeu et l’exploration sont remplacés par un conformisme sinistre et la peur. Pour Furr, il n’y a rien de sinistre, de conformiste et d’effrayant dans l’art soviétique : les expositions attiraient un public de masse et l’art soviétique a influencé l’art dans le monde entier.

47 Pour l’auteur, il n’y a pas de victoire de Staline, qui était assis en sécurité derrière son bureau. Furr remarque que Staline a reconnu que la victoire n’était pas due à lui-même ou à d’autres dirigeants, mais au peuple soviétique ordinaire, sans lequel les dirigeants ne sont rien.

48 Pour l’auteur, Staline et sa paranoïa ont nui à l’effort de guerre soviétique. Trotsky avait été l’architecte originel de l’armée rouge, mais Staline considérait ses officiers avec une profonde méfiance et a procédé à de vastes purges, tout comme il l’avait fait au sein du parti bolchevique. Furr remarque que les officiers dont il est question sont coupables d’avoir conspiré avec l’état-major allemand et avec Trotsky, qui a également conspiré avec l’Allemagne et le Japon.

49 Pour l’auteur, Toukachevski et les sept autres officiers jugés, condamnés et exécutés en juin 1937, étaient innocents, et les aveux du premier comportaient des taches de sang : Furr remarque que tout est faux.

50 Pour l’auteur, Hitler et Staline sont plus semblables que différents, et les fascistes et les suprématistes blancs contemporains admirent Staline. En fait, ces fascistes contemporains croient à la même fausse histoire, imaginant Staline tels que les anticommunistes, les trotskistes, Kroutchev, Gorbatchev et les « érudits » anticommunistes le décrivent. Autrement dit, ces racistes et fascistes des derniers jours réagissent à cette fausse représentation de Staline. S’ils connaissaient la vérité sur Staline, ils le haïraient tout comme le haïssaient les racistes et les fascistes de son époque. Il est plus exact de comparer Hitler aux dirigeants politiques soi-disant démocrates de France, de Grande-Bretagne, de Belgique, d’Italie, des Pays-Bas et des États-Unis qui ont tué des millions d’ouvriers et de paysans dans leurs empires, tandis que l’Union soviétique était un phare dans la lutte pour l’indépendance et la liberté face à la répression sauvage des puissances coloniales occidentales.

51 Pour l’auteur, Staline est un dictateur.

En fait, Staline a été calomnié, faussement accusé de nombreux crimes qu’il n’a jamais commis. Les raisons de ces calomnies sont évidentes. Le capitaliste déteste le mouvement communiste en raison de ses magnifiques succès. La révolution de 1917 dans toute la Russie et la victoire contre les Blancs et les interventionnistes ont eu lieu du vivant de Lénine. Mais le reste des succès de l’Union soviétique et du Komintern ont eu lieu après la mort de Lénine, alors que Staline était à la tête du pays.

Il y a la collectivisation de l’agriculture qui a mis fin à la culture paysanne individuelle primitive et a mis fin au cycle de famine.

Il y a une industrialisation rapide qui a créé une société industrielle et une armée moderne en dix ans : une nation arriérée s’est transformée en une grande puissance mondiale.

Il y a, par l’intermédiaire du Komintern, le mouvement anti-impérialiste mondial, les révolutions socialistes en Chine, au Vietnam, en Albanie et ailleurs, dirigées par des communistes locaux mais inspirées et aidées par des agents soviétiques.

Il y a la défense de la République espagnole contre les forces fascistes et nazies, le plus grand acte d’internationalisme prolétarien de l’histoire.

Il y a la défaite des fascistes pendant la seconde guerre mondiale.

Il y a la sécurité matérielle des travailleurs : logements sociaux, éducation et transports publics, emplois garantis, vacances, soins médicaux, retraites.

Il y a la promotion des femmes dans les emplois et professions traditionnellement réservés aux hommes.

Il y a l’engagement à s’opposer au racisme contre les ethnies minoritaires et les peuples non blancs.

L’auteur a tort sur toutes les accusations qu’il porte contre Staline. Les accusations de crimes et de méfaits portés contre Staline sont cohérentes avec ce que nous entendons et lisons sur Staline presque partout – dans les médias, dans les manuels scolaires, par les universitaires spécialistes de l’histoire.

Comment toutes les sources d’information historique pourraient-elles être fausses ?

Le domaine des études soviétiques a toujours été au service de la propagande anticommuniste combinée à l’objectif de comprendre le mouvement communiste dans le but de le calomnier et de l’affaiblir. La contradiction entre la compréhension de la réalité soviétique et la propagande anticommuniste et antistalinienne s’est intensifiée avec la guerre froide. Cela continue aujourd’hui.

Un deuxième courant de propagande anticommuniste s’est concentré sur la figure de Staline, avec Trotsky, Kroutchev, Gorbatchev. Trotsky a menti de manière flagrante et fréquente à propos de Staline, et les mensonges de Trotsky sont devenus une source majeure pour Kroutchev et son rapport secret. En 1961, Kroutchev a parrainé une avalanche de fausses recherches menées par des historiens bidons, matériel qui est devenu une « preuve » pour des générations d’historiens. Gorbatchev a inauguré une campagne d’accusations et de diffamation contre Staline qui a surpassé celle de Kroutchev. Cela a été également réalisé par une phalange d’historiens malhonnêtes.

Au lieu de dénoncer ces fausses recherches, les historiens postsoviétiques ont accepté les allégations des époques Trotsky, Kroutchev et Gorbatchev contre Staline, en ajoutant encore d’autres, malgré l’énorme quantité de documents de sources primaire provenant d’anciennes archives soviétiques, permettant d’examiner les accusations contre Staline, soit de les vérifier, soit – dans tous les cas, ou presque – de les réfuter.

Jusqu’à présent, je n’ai pas encore prouvé que Staline ait commis ne serait-ce qu’un seul crime, encore moins la myriade de crimes que Trotsky, les hommes de Kroutchev, les hommes de Gorbatchev et les chercheurs universitaires affirment avec assurance. J’ai l’intention de continuer à chercher. Peut-être un jour je découvrirai au moins un véritable crime de Staline dont je peux dire en toute honnêteté qu’il est étayé par les meilleures preuves dont nous disposons. Si et quand je le ferai, je le publierai ainsi que les preuves à l’appui.

Grover Furr, « Une critique de Jean-Jacques Marie, « la collaboration Staline Hitler » », janvier 2022.

Aborder l’histoire de l’URSS exige une familiarité avec la langue russe et un accès aux sources primaires.

Je ne suis pas staliniste. Marie considère que je suis stalinien, c’est-à-dire un partisan de Staline, dans le même sens que Marie est un trotskiste, un défenseur de Trotsky. Mon objectif est de découvrir la vérité. Comme tout scientifique, je m’efforce de pratiquer l’objectivité scientifique. Je ne défends pas Staline. Si Staline a commis des crimes, je voudrais savoir. Marie ne prétend pas à l’objectivité et à l’aspiration de la vérité, et Marie ne trouve donc pas la vérité. Marie n’aborde pas certaines questions, car il suppose que leurs réponses sont acquises, des réponses qui sont cependant sans preuve ni même discussion.

Premièrement, il n’y a pas de preuve d’exécution d’enfants de moins de 16 ans, sauf  dans la conspiration de Yezov contre Staline et la direction du parti.

Deuxièmement, les camps de travail appelés goulags faisaient partie du système pénal soviétique : chaque pays a un système pénal. Il y a deux questions qui doivent être posées : les personnes condamnées sont-elles réellement coupables ? Quelles sont les conditions de vie dans les camps de travail ? Marie n’aborde pas ces questions.

Troisièmement, l’interdiction de l’avortement en 1936. A la même époque, en Occident, l’avortement est illégal. Il s’agissait d’encourager des naissances après la guerre civile et la famine de 1932 à 1933. La loi s’est accompagnée d’un soutien accru aux mères et aux enfants.

Quatrièmement, il n’est pas vrai, il n’y a pas de preuve, que les procès de Moscou étaient malhonnêtes, trafiqués : les accusés étaient bien coupables.

Cinquièmement, en ce qui concerne les purges : Marie confond les purges pour éliminer les corrompus et les passifs dans le Parti communiste et les exécutions massives de Yezov et de ses hommes. C’est une erreur élémentaire.

Sixièmement, en ce qui concerne les déportations de peuples entiers pour collaboration avec l’ennemi allemand : ne pas déporter l’ensemble de ces populations aurait mis en danger ces petits groupes, et cela aurait été un génocide.

Septièmement, il n’est pas vrai que la traque des cosmopolites ait été antisémite. Les écrivains juifs critiquent les œuvres qui manquent de patriotisme. Les écrivains critiqués pour leur cosmopolitisme ne sont pas juifs. Il n’y a donc pas de tonalité antijuive dans la campagne contre le cosmopolitisme.

Huitièmement, un témoignage a posteriori très peu fiable affirme que Staline aurait bu à la santé d’Hitler lors de la signature du pacte de non-agression : si c’était le cas, est-il mal pour un communiste de mentir en privé à un fasciste ?

Neuvièmement, Marie considère que l’URSS a eu tort de signer le pacte. Staline n’avait pas le choix. Les alliés avaient rejeté les propositions de Staline. Les 300 kilomètres gagnés par le pacte ont permis de favoriser la résistance de l’armée rouge à l’invasion nazie.

Dixièmement, il n’est pas vrai que le pacte est une alliance. L’URSS n’a jamais eu d’alliance avec l’Allemagne nazie. Onzièmement, Marie ne mentionne jamais la ligne Curzon, il ne parle pas de la conquête de territoires par la Pologne sur la Russie soviétique en 1921.

Il ne dit pas qu’en 1939, le 17 septembre, la Pologne n’était plus un État au regard du droit international, le gouvernement étant réfugié en Roumanie sans désigner de gouvernement en exil. L’incursion soviétique ne viole donc aucun traité avec la Pologne.

Il ne dit pas que le 28 septembre 1938, l’URSS informe le gouvernement polonais que son pacte de non-agression, signé en 1932, serait nul si la Pologne collaborait avec les nazis au démembrement de la Tchécoslovaquie, comme elle l’a fait en octobre 1938, et que finalement, le 27 novembre 1938, l’agence TASS rapporte que le pacte reste toujours en vigueur.

Marie dit sans preuve que la population biélorusse et ukrainienne, maltraitée par les ultranationalistes polonais, est l’objet de raids, d’arrestations et de déportations par les soviétiques. Marie ne dit pas que la Pologne avait lancé une agression contre la Russie soviétique dès sa création, prenant par la force l’Ukraine occidentale et la Biélorussie occidentale, que la Pologne a tué environ 60 000 prisonniers de guerre russes, bien plus que le nombre de morts lors du massacre de Katyn – que, en réalité, l’Union soviétique n’a pas commis de toute façon. Marie ne dira pas que les soviétiques confisquent les terres des propriétaires terriens polonais.

Douzièmement, Marie dit que les 27 et 28 septembre, une réception cordiale est organisée au Kremlin, que les membres du bureau politique sont invités, sauf Kaganovitch, parce que Staline ne veut pas heurter la sensibilité des nazis en leur imposant la présence d’un juif. Il y aurait de la part de Staline le souci d’une collaboration efficace. Cela est faux : Kaganovitch était présent.

Treizièmement, Staline livre des communistes allemands à Hitler : c’est faux, il n’y a pas de preuve.

Quatorzièmement, en ce qui concerne la guerre soviétique contre la Finlande, selon Marie, Staline fabrique un incident de frontière puis envahit la Finlande : il n’y a pas de preuve, d’autant plus que dans des cas comme cela chaque partie accuse l’autre.

Il faut dire la réalité. Les pertes soviétiques ont été importantes. Les troupes ne sont pas entraînées à la guerre d’hiver. Finalement l’armée rouge surmonte ses désavantages. La victoire soviétique a reculé la frontière et a sauvé Leningrad de l’occupation nazie. L’armée finlandaise, pendant l’occupation nazie de l’URSS, empêchait les civils de Leningrad à fuir vers le nord, la Finlande est co-responsable de la mort du million de civils soviétiques pendant le siège. Marie ne dit pas que le gouvernement finlandais invite Trotsky à former un gouvernement soviétique en exil.

 Quinzièmement, Le 25 décembre 1936 l’Allemagne et le Japon ont signé un pacte auquel s’associeront Italie puis l’Espagne en septembre 1939. D’après Marie, Staline veut soumettre l’internationale communiste à la collaboration avec Hitler. Ainsi il parle d’un tract communiste qui met en question les impérialismes, la domination du capital financier et le fascisme. Jdanov essaye de corriger les maladresses susceptibles d’irriter Hitler, Staline sermonne l’internationale et finalement le Komintern interdit le tract. Cela n’est pas vrai, Dimitrov n’a pas interdit la diffusion du tract.

Par ailleurs, la dissolution du Komintern n’est pas une marque d’enterrement et de désorientation, mais répond à la volonté de donner plus d’indépendance aux partis nationaux et, à partir de leur renforcement, de constituer une organisation internationale.

Seizièmement, il n’est pas vrai que Joukov ait dit que Staline a fait des erreurs.

le 22 juin 1941 à 0 h 30, d’après Marie, un soldat communiste allemand déserte, franchit la frontière au prix de sa vie pour avertir que les nazis vont attaquer à 3 h, et Staline, qui banquette, ordonne de le fusiller. C’est faux : le 27 juin, dans la Pravda, l’histoire du soldat allemand est racontée.

En conclusion, Marie rejette l’objectivité scientifique pour dénigrer Staline. Il force l’histoire soviétique à entrer dans le paradigme antistalinien. Comme les cultes religieux, le culte de Trotsky est basé sur la croyance – la croyance en Trotsky. Trotsky déteste Staline, les trotskistes aussi. Trotsky ment à propos de Staline, en conséquence les trotskistes choisissent non seulement de croire les mensonges de Trotsky, mais prouvent leur loyauté envers la secte en propageant les mensonges de Trotsky et de tous les anticommunistes.  Il n’y a pas de culte autour de Staline aujourd’hui, c’est très bien qu’il n’y en ait pas, mais les trotskistes, les membres de la secte trotskiste, publient dans les journaux grands publics, occupent des postes universitaires et enseignent l’histoire russe et soviétique. Dans les milieux universitaires et dans les médias, il est tenu que Staline est coupable de crimes terribles . Depuis de nombreuses années, je recherche des preuves pour étayer ces allégations contre Staline. Je n’ai pas encore trouvé un seul crime allégué contre Staline qui puisse être étayé par des preuves ! L’histoire soviétique doit être réécrite.

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