La perfection du funambule : Rémi David

Rémi David : « Mourir avant que d’apparaître », premier roman, 2022, Gallimard.

Écrit à la troisième personne, le livre reconstitue sous une forme biographique une séquence de la vie de Jean Genet, qui reprend goût à l’écriture par sa participation à la perfection artistique d’un funambule.

Au cirque Pinder, Abdallah (Abdul), 12 ans, (le père parti, la mère sans ressource abandonne son fils au cirque), et son ami, Ahmed, un Marocain, font des acrobaties et une pyramide, mais aussi s’occupent des animaux, etc.. Diane et Weyland, des trapézistes, les prennent sous leur protection. Diane, dans sa caravane, lit des poésies à Abdallah (Cocteau, Baudelaire, Mallarmé, Olivier – l’homme qu’elle aimait).

Abdallah chute et se fait mal au genou.

Monique, 20 ans, travaille comme secrétaire chez Gallimard, copiant les textes de Paul Valéry, Paul Claudel et surtout de Jean Genet, celui qu’elle préfère. Elle reçoit Faulkner et va lui chercher une bouteille de whisky. Elle accompagne Jean dans son hôtel et l’installe dans la chambre qu’elle loue (elle ira loger chez une amie) : récidiviste, Genet risque la relégation à perpétuité (Sartre et Cocteau obtiendront sa grâce). Monique se procure pour Jean des boîtes de Nembutal et des paquets de Gitanes. Monique, qui a une enfant, Carole, est amoureuse d’un écrivain espagnol, Juan, et elle l’invite à un dîner où Jean sera présent.

À 17 ans Abdallah et Ahmed quittent un temps le cirque et se posent à Paris. Ils font connaissance avec Erika, une grecque travaillant dans une boutique de prêt-à-porter, et Kitty, une américaine suivant des cours à la Sorbonne pour devenir traductrice. Abdallah trouve une place de veilleur de nuit.

Abdallah rencontre Diane, qui vient de perdre dans un accident son compagnon de trapèze. Diane l’invite à une soirée organisée par Olivier, où Abdallah, 18 ans, rencontre Jean, 44 ans (auparavant Jean rencontre Olivier, un ancien poète qu’il admirait et qui n’écrit plus, et il est invité chez Olivier).

Jean et Abdallah se retrouvent, Jean se remet à écrire, et il devient le coach d’Abdallah pour que celui-ci devienne funambule. Jean demande de l’argent à son impresario, Bernard.

Abdallah est mobilisé pour la guerre d’Algérie. Jean décide de l’emmener à l’étranger (un peu plus tard, Pompidou lèvera les sanctions contre Abdallah, déserteur). Abdallah passera deux jours en France clandestinement, en logeant avec Jean dans le foin du camion des chevaux de Pinder.

Abdallah a un accident en Belgique, une fracture de la jambe (il est tombé de deux mètres) : après deux opérations réussies, il arrive à se ressaisir. Abdallah a un accident au Koweït. Il est obligé d’abandonner. Jean (qui a trouvé un nouvel ami, Jacky, 18 ans, le beau fils d’un ancien amant, Lucien) lui paye des voyages à l’étranger.

Jean devient le coach de Jacky pour la course automobile.

Abdallah se suicide. En voyant le visage d’Abdallah mort, Jean reconnait les sculptures de Giacometti. Il considère la mort d’Abdallah comme héroïque, admirable, glorieuse. Il admire Abdallah autant que de Giacometti. Jean annonce à Juan qu’il va mourir, et il se suicide en Italie, un suicide raté. Il ne mourra que 20 ans plus tard.

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