Censures et mensonges pour entraîner l’opinion à la guerre : Michel Collon et TMI

Michel Collon avec le collectif Test Média International : « Ukraine, la guerre des images, 50 exemples de désinformation », 2023, Investig’action. Lecture de l’introduction et de la conclusion.

Les auteurs donnent des exemples de mensonges, de manipulations d’informations, d’images trompeuses, de censures, avec pour but d’entraîner l’opinion dans la guerre, en l’occurrence la guerre de l’OTAN contre la Russie et contre la Chine, et plus généralement la guerre contre tous les pays qui s’opposent à l’hégémonie des États-Unis.

Ces manipulations de l’information sont mises en scène ou fabriquées de toutes pièces par le business, les hommes politiques et les médias en relation avec le complexe militaro-industriel, et aussi par les services secrets et militaires des pays de l’OTAN, avec les moyens gouvernementaux de ces pays.

Le complexe militaro-financier fait fabriquer des images trompeuses pour entraîner les citoyens dans les guerres.

Il y a trois types d’images trompeuses : les images fabriquées (les fausses images), les images manipulées (des vraies images avec un commentaire trompeur) et les images censurées (les images qui contredisent le récit officiel et qu’on ne montre donc pas).

 Derrière ces images trompeuses, il y a, à côté des journalistes et des agences de presse aux dangereuses connexions, les agences de com US, la CIA, les services secrets, l’industrie de l’armement et les sociétés financières.

 Les médias dominants escamotent les voix dissidentes et ne posent pas les bonnes questions.

La guerre des images a empêché les citoyens européens de comprendre ce qui se passait réellement et de se mobiliser pour enjoindre à leurs dirigeants de favoriser la paix : il est urgent de partir à la recherche des faits, il est urgent de vérifier les informations et les images, de confronter les sources.

La charte des Nations unies nous oblige, non à poursuivre la guerre et à envoyer des armes, comme nous disent nos médias et nos gouvernements, mais à régler les différends par des moyens pacifiques.

La propagande de guerre bannit le rationnel en occultant les faits, les intérêts, l’Histoire. La propagande de guerre manipule les émotions en diabolisant l’adversaire pour faire peur, en se présentant soi-même comme sans reproche, si besoin en censurant ou en inversant les faits gênants. La propagande de guerre refuse le débat et la contradiction pour se protéger elle-même, pour continuer la désinformation.

La propagande de guerre bannit le rationnel en occultant les intérêts économiques et l’Histoire (on ne parle pas des richesses convoitées, du rôle des oligarques, des multinationales, des entreprises d’armement, et on dit que la guerre vient juste de commencer).

La propagande de guerre manipule les émotions en diabolisant l’adversaire (toute la culpabilité, la cruauté, la rapacité est de l’autre côté de la frontière, où il n’y a que des nazis, des Hitler, ce qui vise à faire peur et à cacher ou défendre les intérêts des très riches), et en présentant l’agresseur comme victime (nous sommes innocents, démocrates, nous menons une guerre propre, nous sommes les seules victimes et si besoin on cache ou on inverse les faits).

 Enfin la propagande de guerre monopolise le débat, refuse le débat et la contradiction, pour protéger ceux qui désinforment.

L’information passe par le filtre des propriétaires de médias (liés directement ou indirectement à l’armement) et par le filtre de la publicité (l’information ne doit pas contrarier les annonceurs, liés eux-mêmes à l’armement), mais aussi par le filtre des services secrets des pays de l’OTAN (liés aux médias, ces services ont les moyens gouvernementaux de mettre en scène ou fabriquer des événements constituant pour l’opinion des faits décisifs pour entrer dans la guerre et la violence internationale). Il ne faut pas oublier le filtre des journalistes qui, soit ont des relations de complicité avec le complexe militaro-industriel, le business et les responsables politiques, soit, en tant que précaires, doivent s’autocensurer pour ne pas être mis au chômage. Enfin il y a évidemment le filtre de l’idéologie dominante.

Les informations que nous recevons passent par plusieurs filtres.

Le premier filtre, c’est la propriété des grands médias aux mains de multinationales ou de milliardaires, liés à l’armement, à la finance et au Big Pharma. Les médias appartiennent tous à des milliardaires qui sont copains entre eux et n’ont pas besoin de se consulter pour dire la même chose. . Les propriétaires de médias doivent contrôler l’info pour, contrôler la résistance populaire pour qu’elle ne s’oppose pas aux guerres.

 Le deuxième filtre est la publicité : l’essentiel de la publicité provient d’un très petit nombre d’annonceurs. Sans la publicité, les médias ne peuvent survivre, si bien qu’on ne peut contrarier les publicitaires, qui sont souvent liés, eux aussi, à l’armement et à la finance.

Le troisième filtre est constitué par les services secrets (surtout la CIA et le M 16) qui mettent en scène ou fabriquent de toutes pièces les « événements » favorables à un déclenchement de guerre, à un sabotage, à une agression économique ou politique ou à  un « changement de régime ». Comme ces services de renseignements ont des liens étroits avec les plus grandes agences de presse, celles qui fournissent les médias du monde entier, ces « événements »  permettent un accompagnement de la manipulation de l’opinion sur des « faits décisifs » quant au déclenchement des violences.

Le quatrième filtre est constitué par les relations personnelles de complicité discrète entre le complexe militaro-industriel, le busines, les responsables politiques et les responsables médiatiques, avec des journalistes et des pigistes qui s’autocensurent par peur d’être viré. C’est ainsi que les médias amusent, distraient et inculquent des valeurs, des croyances et des comportements en faveur de la guerre, marginalisant les oppositions.

 Le cinquième filtre est l’idéologie dominante, c’est-à-dire les préjugés, les idées toutes faites, les évidences.

Les États-Unis se lancent dans une guerre globale : il faut anticiper ses propagandes de guerre.

Blackrock domine la sphère économique et financière, l’industrie de l’armement, la vie politique et le secteur de l’information.

L’Ukraine n’est qu’un chapitre dans la guerre globale lancée par les États-Unis pour maintenir leur suprématie mondiale. Il nous faut anticiper les pays susceptibles d’être déstabilisés voire morcelés, du fait de leurs matières premières ou de leur position stratégique, et repérer les propagandes qui préparent la guerre. C’est ainsi que nous pouvons dire que les États-Unis préparent une guerre contre la Chine.

Il y a trois types d’images trompeuses : les images fabriquées (les fausses images), les images manipulées (des vraies images avec un commentaire trompeur) et les images censurées (les images qui contredisent le récit officiel). Derrière ces images trompeuses, il y a, à côté des journalistes et des agences de presse aux dangereuses connexions, les agences de com US, la CIA, les services secrets, l’industrie de l’armement et les sociétés financières. Les médias dominants escamotent les voix dissidentes et ne posent pas les bonnes questions. La guerre des images a empêché les citoyens européens de comprendre ce qui se passait réellement et de se mobiliser pour enjoindre à leurs dirigeants de favoriser la paix : il est urgent de partir à la recherche des faits, il est urgent de vérifier les informations et les images, de confronter les sources. La charte des Nations unies nous oblige, non à poursuivre la guerre et à envoyer des armes, mais à régler les différends par des moyens pacifiques.

Nous montrerons qu’une véritable guerre des images a façonné l’opinion, favorisant l’envoi massif d’armements coûteux au lieu de chercher une solution négociée. Après le faux charnier de Timisoara, après la fausse infirmière pleurant sur les couveuses prétendument volées à Koweït City, après la petite fiole des armes de destruction massive présentée à l’ONU par Colin Powell, après les désinformations multiples sur la Yougoslavie, la Palestine, le Venezuela, la Bolivie et tant d’autres conflits, avons-nous tiré les leçons qui s’imposent ? Avons-nous assimilé qu’une image en soi ne prouve rien ? Car il existe trois manières de manipuler le spectateur :

Premièrement, fabriquer de fausses images (les images fabriquées).

Deuxièmement détourner de vraies images par un commentaire trompeur (les images manipulées).

Troisièmement, cacher au public les images qui contredisent le récit officiel (les images censurées).

En fait, autour des images, il n’y a pas que des journalistes et des photos reporters, il y a les agences de com (les public relations US), qui vendent à l’opinion publique des régimes politiques, des multinationales, des guerres, qui construisent des récits, réalisent des mises en scène, il y a les lobbys qui font pression sur les élus, il y a les services de renseignements très actifs dans la guerre de l’information, il y a les puissantes sociétés financières au cœur de la production et de la diffusion des infos, il y a les compagnies qui ont investi en Ukraine et aussi dans l’industrie de l’armement, il y a les dangereuses connexions du New York Times, référence absolue de la presse occidentale, et les dangereuses connexions des grandes agences de presse AP ou Reuters qui alimentent la plupart des médias européens.

Concernant l’Ukraine, les médias dominants, qui ont pris l’habitude d’escamoter les voix dissidentes (le pape François, Kissinger, etc.), n’ont jamais posé les questions suivantes :

Premièrement, qui a bombardé le premier ?

Deuxièmement, était-ce un pays uni ou déchiré par une guerre civile ?

Troisièmement, le régime issu de la révolution de Maïdan respecte-t-il la démocratie ?

Quatrièmement, qui a refusé de négocier pour arrêter la guerre ?

Cinquièmement, l’OTAN porte-t-elle une responsabilité dans l’éclatement du conflit ?

Sixièmement, quels intérêts se sont affrontés ?

Septièmement, qui voulait contrôler quelles richesses et qui voulait vendre quelles armes ?

Huitièmement, qui a refusé de négocier des compromis et pourquoi ?

Tous, nous pensons qu’il vaut mieux consacrer les milliards aux écoles, aux emplois, aux retraites et aux soins de santé plutôt qu’aux fabricants d’armes dont les bénéfices ont explosé. Nous avons tous intérêts à éclairer la question centrale : pouvait-on éviter cette guerre ? Et, une fois déclenchée, pouvait-on l’arrêter ? Pourquoi ne nous a-t-on pas parlé de la démarche de Boris Johnson pour empêcher la signature d’un accord de cessez-le-feu ? La guerre des images a-t-elle empêché les citoyens européens de comprendre ce qui se passait réellement et de se mobiliser pour enjoindre à leurs dirigeants de favoriser la paix ? En tout cas, les lobbys, les dirigeants politiques, les influenceurs et les éditorialistes des grands médias ont imposé l’idée que négocier serait une trahison et qu’il fallait absolument continuer à se battre. Jusqu’au dernier Ukrainien ? En réalité, chercher à résoudre les conflits par la négociation est le principe de base de la charte des Nations unies, qui fait obligation à tous ses membres de régler leurs différends par des moyens pacifiques.

Pour éviter le dialogue de sourds, il faut partir à la recherche des faits. Vérifier – ensemble – les images et les informations qui ont fabriqué les opinions. Confronter les sources. Avec modestie et patience. C’est la seule manière d’y voir clair. Il faut cesser de croire, il faut vérifier. Tout. Pas de démocratie sans info fiable.

La propagande de guerre bannit le rationnel en occultant les intérêts économiques et l’Histoire (on ne parle pas des richesses convoitées, du rôle des oligarques, des multinationales, des entreprises d’armement, et on dit que la guerre vient de commencer). La propagande de guerre manipule les émotions en diabolisant l’adversaire (toute la culpabilité, la cruauté, la rapacité est de l’autre côté de la frontière, où il n’y a que des nazis, des Hitler, ce qui vise à faire peur et à cacher ou défendre les intérêts des très riches), et en se présentant comme victime (nous sommes innocents, démocrates, nous menons une guerre propre, nous sommes les seules victimes et si besoin on cache on inverse les faits). Enfin la propagande de guerre monopolise le débat, refuse le débat et la contradiction, pour protéger ceux qui désinforment.

Les médias appartiennent tous à des milliardaires qui sont copains entre eux et n’ont pas besoin de se consulter pour dire la même chose. Les journalistes s’autocensurent par peur d’être viré. Les médias amusent, distraient, inculquent des valeurs, des croyances et des comportements, marginalisent les oppositions. Les infos passent par plusieurs filtres. Le premier filtre, c’est la propriété des grands médias aux mains de multinationales ou de milliardaires, liés à la finance, au Big Pharma et à l’armement. Le deuxième filtre est la publicité : l’essentiel de la publicité provient d’un très petit nombre d’annonceurs. Le troisième filtre est constitué par les relations personnelles de complicité discrète entre le busines, les responsables politiques et les responsables médiatiques. Le quatrième filtre est l’idéologie dominante, c’est-à-dire les préjugés, les idées toutes faites, des évidences. Le cinquième filtre est constitué par les services secrets qui mettent en scène les événements susceptibles de déclencher une guerre, des sabotages, des agressions économiques ou politiques et qui sont en relation avec les médias et les réseaux sociaux.

Dans les médias, les journalistes expérimentés sont remplacés par des pigistes mal payés, précaires, incapables de contester la politique US. Les propriétaires de médias doivent contrôler l’info, contrôler la résistance populaire pour qu’elle ne s’oppose pas aux guerres.

Blackrock domine la sphère économique et financière, l’industrie de l’armement, la vie politique et le secteur de l’information.

L’Ukraine n’est qu’un chapitre dans la guerre globale lancée par les États-Unis pour maintenir leur suprématie mondiale. Il nous faut anticiper les pays susceptibles d’être déstabilisés voire morcelés, du fait de leurs matières premières ou de leur position stratégique, et repérer les propagandes qui préparent la guerre.

Les États-Unis préparent une guerre contre la Chine.

Anne Morelli a mis en évidence les 10 principes de propagande de guerre, qui reposent sur trois aspects fondamentaux et complémentaires : bannir le rationnel, manipuler les émotions, monopoliser le débat. On peut ainsi dégager cinq principes essentiels :

Premièrement, occulter les intérêts économiques.

Deuxièmement, occulter l’Histoire.

Troisièmement, diaboliser l’adversaire.

Quatrièmement, se présenter comme victime.

Cinquièmement, monopoliser, empêcher le débat. Les principes un et deux reviennent à bannir le rationnel : pas d’analyse, seulement des émotions. Les principes trois et quatre désignent la manipulation de ces émotions : fabrication de la peur et détournement de la compassion. Le cinquième principe consiste à enfermer le public dans la version officielle, de telle façon qu’il ne puisse entendre aucune autre version des faits.

Synthétisons comment ces cinq principes ont été appliqués à l’Ukraine.

Il s’agit donc en premier d’occulter les intérêts (les guerres sont toujours « humanitaires », alors qu’on sacrifie des masses d’êtres humains pour les profits de multinationales).

On ne parle pas du pétrole russe et des richesses convoitées de l’Ukraine (terres agricoles fertiles, sidérurgie, gaz de schiste, minerais rares).

 On ne parle pas des oligarques ukrainiens et des multinationales occidentales en Ukraine.

On ne dit pas que les cinq grandes entreprises d’armement US ont connu une croissance boursière impressionnante. On comprend l’importance de contrôler l’opinion publique pour qu’elle soutienne les guerres. Ces marchands d’armes US financent le monde politique, les bureaux d’études, les think thank et les grands médias (que ceux-ci soit très discrets sur les intérêts n’étonnera donc pas).

On ne dit pas que les oligarques ukrainiens liés à l’Occident se sont emparés par la violence des installations industrielles de l’Ukraine, qu’ils ont assassiné ceux qui étaient sur leur chemin, qu’ils ont imposé des salaires les plus bas d’Europe, qu’ils ont détruit les syndicats, ce qui a eu pour conséquence l’exil de 5 000 000 de travailleurs ukrainiens.

On ne dit pas que les multinationales US et EU colonisent l’Ukraine en toute discrétion et commencent à piller ses richesses.

On ne dit pas que l’Ukraine est une position stratégique pour affaiblir et isoler la Russie, pour l’encercler.

 On ne dit pas qu’il s’agit pour les États-Unis d’affaiblir l’économie allemande et de tenir l’Europe en laisse en coupant les liens avec la Russie. L’attentat contre le gazoduc affaiblit les concurrents économiques européens des États-Unis et appauvrit les ménages européens en les obligeant à acheter le gaz US polluant et coûteux.

On ne dit pas que les États-Unis ne veulent pas d’un monde multipolaire.

Il s’agit en deuxième lieu d’occulter l’Histoire. La guerre a commencé en 2014.

Il s’agit en troisième lieu de diaboliser. Les résistances psychologiques à la guerre sont si grandes que chaque guerre doit paraître comme une guerre de défense contre un agresseur menaçant et meurtrier. Toute la culpabilité doit se trouver de l’autre côté de la frontière. Cette stratégie a été appliquée à la guerre d’Ukraine : silence sur les intérêts économiques et stratégiques US, silence sur les provocations de l’OTAN, silence sur le long travail pour prendre le contrôle de l’Ukraine et utiliser ce pays comme fer de lance pour affaiblir la Russie. La rapacité et la cruauté sont seulement chez Poutine, que le public doit haïr. Diaboliser l’adversaire sert à fabriquer la peur. Il faut persuader les citoyens européens que leurs dirigeants pensent seulement à les protéger et non à des intérêts égoïstes. Pour cela, il faut gonfler le danger.

Le premier grand ressort de la diabolisation est l’assimilation au nazisme. Tout ceux que nous combattons sont des Hitler. (Nasser, Saddam Hussein, Milosevic, Kadhafi, Bachard-el-Assad, Chavez, Poutine, et bientôt Xi Jinping). On met en valeur les viols de masse comme arme de guerre, les armes chimiques, la menace nucléaire et l’antisémitisme, pour susciter la répulsion et surtout la peur. Après le péril rouge, le péril jaune, le péril islamiste, les armes chimiques et d’autres épouvantails, voilà un nouvel bouc émissaire. La fabrication de la peur a toujours pour but de faire diversion, de cacher les intérêts d’une petite minorité très riche. Que la population ne se pose pas de question et accepte de sacrifier ses intérêts à ceux du 1%.

Il s’agit en quatrième lieu de manipuler la compassion. Les crimes de guerre se situent tous du même côté. Notre camp est par définition innocent, nous sommes les démocrates, nous menons toujours une guerre propre. Quand on voit les victimes dans l’autre camp, soit on passe les faits sous silence (ces mauvaises victimes ne sont pas dignes de notre compassion), soit, quand ces crimes sont trop visibles, on inverse les faits (les crimes commis par les « bons » sont attribués aux « méchants »). Il faut angéliser notre camp. Pas question de mentionner l’existence d’assassinats de journalistes et de politiciens en Ukraine par le régime de Kiev. Pas question de parler du nazisme bandériste dans le régime de Kiev. Pas question de parler de l’enrichissement de Zelenski. La propagande n’hésite pas à transformer les faits gênants en leur contraire. Maïdan devient un grand soulèvement populaire pacifique. Les Russes ont saboté le gazoduc. Les monstres sont intermittents : avant 2022, on dénonce les nazis ukrainiens, après ils sont devenus des combattants de la démocratie.

Il s’agit enfin de monopoliser et d’exclure, c’est-à-dire de protéger ceux qui désinforment. Si une grande puissance construire un récit tronqué et fantasmé de la guerre qu’elle mène, elle ne peut évidemment supporter que ce récit soit analysé et contredit. Ceux qui défendent une autre analyse ou appellent simplement à vérifier les faits sont bannis des journaux télévisés, des débats et des interviews. Sur les réseaux sociaux, on manipule les référencements. Les médias russes sont interdits, ce qui viole la Convention européenne des droits de l’homme ainsi que la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne garantissant la liberté des médias. Seule la Fédération européenne des journalistes proteste. Le gouvernement français finance des influenceurs mercenaires pour discréditer ceux qui déplaisent à Macron. Nos dirigeants ont besoin de hauts murs pour protéger l’info officielle. Ils ont trop peur que le public puisse entendre les deux versions et se faire lui-même son opinion. Ils veulent le monopole absolu.

Quand un présentateur est payé 38 000 euros par mois, ça vaut quand même le coup de raconter n’importe quoi à ce tarif. Et les petits journalistes s’autocensurent par peur d’être viré. Tous les journaux disent la même chose, et le public se dit : « c’est la vérité ! ». Sauf que ces médias appartiennent tous à des milliardaires qui sont copains entre eux et n’ont pas besoin de se consulter pour dire la même chose.

Les mass media servent de systèmes de communication des messages au peuple. Leur fonction est d’amuser, distraire et informer, et d’inculquer aux individus les valeurs, les croyances et les codes de comportement qui les intégreront aux structures établies de la société. Dans un monde marqué par une concentration de la richesse et d’importants conflits, remplir ce rôle requiert une propagande systématique. Argent et pouvoir ont la possibilité de filtrer les nouvelles qui peuvent être imprimées, de marginaliser des oppositions et de permettre au gouvernement et aux intérêts privés dominants de faire passer leur message dans le public.

Les infos provenant du monde entier passent par plusieurs filtres.

Le premier filtre, c’est la propriété des grands médias aux mains de multinationales ou de milliardaires, lesquels défendent bien sûr leurs intérêts. En France, neuf milliardaires possèdent 90% des médias. Ces milliardaires sont liés à un enchevêtrement de multinationales actionnaires provenant surtout de la finance, du Big Pharma et même de l’armement.

Le deuxième filtre est la publicité des grandes multinationales. En France, 80% de la pub provient de 20 annonceurs. Sans cette manne publicitaire, ni les télés ni la presse écrite ne pourraient survivre.

 Le troisième filtre est constitué par les relations personnelles de complicité discrète entre le business, les responsable politiques et les responsables médiatiques, y compris une petite couche de journalistes stars, adoubés par l’élite du pays et vivant comme de grands bourgeois.

Le quatrième filtre est l’idéologie dominante, c’est-à-dire les préjugés répandus dans la société, les idées toutes faites, qui finissent par nous sembler naturelles, tout simplement parce que nous baignons dans cette idéologie depuis que nous sommes tous petits. Parents, professeurs, collègues ne cessent de répéter les mêmes idées, donc elles doivent être vraies.

Le cinquième filtre est constitué par les services secrets – surtout la CIA et le M 16 britannique, qui jouent un rôle très important dans la mise en scène de certains événements servant à déclencher une guerre, des sabotages, une agression économique ou politique, tout ce qui nécessite un accompagnement pour manipuler l’opinion sur des faits décisifs. Ces services de renseignements ont des liens étroits avec les plus grandes agences de presse, celles qui fournissent les médias du monde entier. Ils peuvent aussi mettre en place des agences plus discrètes qui organisent des campagnes de désinformation, y compris sur les réseaux sociaux.

Concurrencés par Internet, les médias classiques ont perdu des recettes publicitaires. Des centaines de médias locaux et régionaux ont disparu. Les grands groupes de presses ont racheté les médias moyens et petits. Les diktats de Walt Street, exigeant des profits toujours plus élevés, ont poussé à éliminer les frais de l’investigation et des recherches de documents originaux et à remplacer des journalistes expérimentés par des pigistes mal payés et précaires. Aujourd’hui, il est difficile pour un jeune journaliste de trouver un emploi permettant de vivre correctement et de travailler avec un peu d’autonomie.

L’info constitue une marchandise qui doit apporter du profit et donc coûter le moins possible. Si bien que les journalistes, trop peu nombreux et jetés d’un sujet à l’autre, d’un pays à l’autre, mal formés sur le plan culturel et limités à une vision ethnocentrique, sont réduits à recopier les dépêches d’agence ou à réaliser des reportages là où on les invite tous frais payés. La concentration a renforcé la censure dans les faits. Il n’est plus possible pour un journaliste de contester sur le fond la politique internationale du gouvernement US. De brillants journalistes d’investigation se réfugient sur des plates-formes indépendantes sur le Net.

Les intérêts dominants – parce qu’ils sont les intérêts d’une petite élite minoritaire – doivent absolument contrôler la conscience et la résistance populaires pour qu’elles ne s’opposent pas aux guerres, donc ils doivent contrôler l’info. Quand on possède des milliards, basés sur des privilèges qu’on veut absolument conserver, on ne laissera rien au hasard.

Blackrock gère 10 000 milliards de dollars. Il a une position stratégique dans tous les secteurs économiques, une présence à la Maison Blanche, à l’Élysée, à l’Union européenne, des milliards investis et des positions de contrôle dans l’armement et dans les médias, les GAFAM, l’agence de presse Reuters, dans le New York Times. Il influence et nomination des dirigeants de toutes les grandes firmes de Walt Street ou du CAC 40, truffe l’administration Biden de ses pions, voit régulièrement Macron, embauche les ex et futurs dirigeants allemands ou britanniques et dicte ses instructions à Zelenski. C’est une véritable fusion entre économie, politique et information. Blackrock domine la sphère économique et financière, l’industrie de l’armement, la vie politique et le secteur de l’information.

Réagir face à la désinformation, apprendre à repérer les propagandes qui préparent la guerre, c’est pour empêcher la prochaine. Car l’Ukraine n’est qu’un chapitre dans la guerre globale lancée par les États-Unis pour maintenir leur suprématie mondiale. De nombreux pays peuvent s’attendre à des opérations de déstabilisation voire de morcellement. Certains sont jugés trop proches de Moscou ou de Pékin. D’autres possèdent les matières premières indispensables. D’autres occupent une position stratégique sur les grandes routes commerciales. Sur toutes ces zones potentielles de guerre, il nous faut anticiper, étudier les intérêts économiques des grandes puissances, les matières convoitées, les fractures internes et les divisions que la CIA peut exacerber, fournissant ainsi une information éducative et préventive.

Washington voulait augmenter les échanges commerciaux, en relevant les barrières douanières et en forçant les États à supprimer les protections de leur économie, pour renforcer la domination des multinationales US en leur ouvrant tous les marchés. Mais le plan a échoué : c’est la Chine qui a tiré les marrons du feu pour se renforcer et dépasser les États-Unis. Ceux-ci ont tenté maintes manœuvres pour affaiblir la Chine, des tentatives de révolutions colorées pour renverser la direction du parti communiste, l’invasion de l’Afghanistan pour le transformer en plate-forme de surveillance, la stimulation des séparatismes (Taiwan, Tibet, Xinjiang, Hong Kong), l’encerclement par des bases militaires, les sanctions économiques, les campagnes médiatiques. Rien n’a fait plier la Chine. Alors Washington prépare une guerre contre elle, une guerre à l’ukrainienne, avec des troupes locales, encadrées par des commandants non officiels et dirigées par un état-major US. Mais Pékin s’efforce d’éviter le piège.

Le modèle économique chinois repose sur l’exportation massive de biens industriels vers l’ensemble du monde. Les routes maritimes sont décisives, avec des ports en eau profonde, étapes vers le Moyen-Orient, Afrique et l’Amérique latine (Routes de la Soie). Il y a aussi la route maritime du Nord. Washington veut bloquer ces routes par des changements de régime au Sri Lanka, au Myanmar, en Somalie, à Madagascar, etc. Les stratèges chinois créent des voies terrestres alternatives, routières et ferrées, mais la capacité de transport terrestre est inférieure.

Les États-Unis envisagent de changer de stratégie, de se replier sur leur zone de confort et d’exercer des pressions et des chantages pour priver Pékin d’un grand nombre de ses partenaires commerciaux. Washington a ainsi forcé les Européens à renoncer à des firmes chinoises pour les remplacer par des produits US. C’est la globalisation entre amis, en fait, le repli sur soi, une tentative de réindustrialisation et un contrôle renforcé sur quelques vassaux dociles, ce qui n’est pas sûr de réussir.

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