Pulvériser la solidarité : Hirokazu Koreedaavec

« Une affaire de famille », film de Hirokazu Koreedaavec, 2018.

L’État et les médias japonais pulvérisent une communauté marginale fondée sur la solidarité et la tendresse en individus isolés ou emprisonnés.

Une communauté pauvre et marginale vit des rapines du père et de son fils dans des magasins (ces rapines sont considérées comme de peu d’importance dans la mesure où les magasins en question ne sont pas conduits à fermer), des revenus de la grand-mère, du salaire de misère de la mère et des pratiques de peep show de la jeune fille.

Cette communauté recueille avec tendresse une fillette maltraitée, en la considérant comme leur fille, ce qui est contraire aux procédures des lois de l’adoption.

Faute d’argent, la communauté enterre la grand-mère dans le jardin, ce qui est contraire à la loi.

La police, les médias et les institutions pulvérisent ce petit paradis de bonté et d’amour.

Le père et le fils volent dans des magasins : le fils glisse les larcins dans un sac à dos, le père le cache en se mettant entre son fils et le vendeur, ou bien le père demande des conseils au vendeur pour détourner l’attention de ce dernier.

Le père considère que ces vols sont de peu d’importance dans la mesure où les magasins qui sont concernés ne sont pas conduits à fermer.

Chaque fois que le fils commence à voler, il manipule ses doigts dans une espèce de prière.

Le père et le fils rentrent dans leur logement (un pavillon d’une pièce hétéroclite et encombrée, avec un petit jardin) : il y a la grand-mère, qui touche la retraite de son mari chaque mois et qui va régulièrement chez des parents qui lui versent une obole.

Il y a la mère qui travaille de manière précaire dans une blanchisserie, en partageant le travail avec une autre employée (plus exactement on demande aux deux employées, qui touchent un salaire de misère, de choisir celle qui va garder son travail), et qui à l’occasion fait les poches des vêtements ou vole son employeur.

Il y a une jeune femme qui se fait de l’argent dans un peep show, en montrant ses seins à des clients, ou en les consolant dans une chambre à part, une jeune femme qui s’étonne devant le père de ne pas le voir faire l’amour avec sa femme.

Le père, revenant avec son fils d’un vol de supermarché, remarque une petite fille sur un balcon, dans le froid, une petite fille apparemment abandonnée. Le père lui propose de la nourriture et finit par la ramener à la maison. On lui donne à manger et on la fait dormir.

Le père et la mère remarquent les blessures de la fillette qui doit recevoir des mauvais traitements. Cependant, conscients des risques qu’ils prennent vis-à-vis de la loi, ils essayent de la ramener chez elle, mais ils entendent la mère dire que son enfant n’était pas désirée, et d’ailleurs les parents ne signalent pas la disparition de la fillette. Celle-ci est finalement recueillie par cette communauté de cinq personnes aimantes, chaleureuses, affectueuses et attentionnées (la mère dit à la fillette que battre ce n’est pas aimer, aimer c’est câliner), une communauté qui se sent à l’abri de la loi dans la mesure où elle ne demande pas de rançon.

La grand-mère soigne les blessures et les brûlures de la fillette.

La femme se fait licencier. Elle part avec des produits de beauté et des sous-vêtements. Arrivant dans le logement, elle fait l’amour avec son mari. Le couple est dérangé quand le fils et la fillette reviennent sous la pluie battante : le mari les oriente sous la douche en disant qu’eux-aussi ont été mouillés par la pluie.

Le fils s’occupe de la fillette un certain temps puis la rejette : le père réussit à le convaincre qu’il faut la considérer comme sa sœur.

Le fils initie la fillette au vol. Un marchand s’aperçoit du manège des deux enfants, dit au fils de ne pas apprendre à voler à la fillette, et leur donne à chacun une sucette.

Le père et les deux enfants réussissent à voler deux cannes à pêche de prix.

Dans un parking, le fils faisant le guet, avec un marteau et un chiffon le père brise la vitre d’une voiture pour prendre un sac.

La communauté entend sans voir le feu d’artifice.

La communauté se rend en train au bord de la mer. Le fils regarde les seins de la jeune femme, et le père lui fait la remarque que, pour un homme, c’est naturel, et que lui-même est touché. La mère reste sur le bord, les autres sautent dans les vagues.

Un matin, la fillette perd une dent. On s’aperçoit alors de la mort de la grand-mère. La communauté n’a pas l’argent pour payer l’ambulance ni pour payer l’enterrement. La grand-mère est enterrée dans le jardin.

La mère continue à toucher la pension de la grand-mère morte.

Le fils vole dans un supermarché tout en étant troublé par la présence de la fillette qui est rentrée elle aussi pour voler. Il est poursuivi et pour échapper saute en contrebas et se casse une jambe.

Il est emmené à l’hôpital. La police l’interroge. La police interroge la fillette qui fait un dessin de la communauté au bord de la mer, révélant l’existence de la grand-mère. Le père et la mère sont convoqués : la mère prend en charge la responsabilité d’avoir pris la fillette en charge et d’avoir enterré la grand-mère, pour éviter que le mari, qui a déjà eu des condamnations, ait une condamnation trop lourde. Elle est condamnée à cinq ans de prison.

La fillette est ramenée à sa famille d’origine. Elle joue toute seule dans l’appartement désert de son ancienne famille (la mère exige des marques de politesse).

Le père va pécher avec son fils. À l’extérieur de son nouveau logement, il fait avec lui un bonhomme de neige.

Le fils est dans une famille d’accueil et va à l’école. Le père et le fils vont voir la mère à la prison : celle-ci révèle à son fils son père biologique.

Le fils vient voir son père dans son nouveau logement, reste une nuit avec lui et repart en car le lendemain matin dans sa famille d’accueil, sans un regard pour lui qui se met à courir après le car.

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